Le laboratoire s’est lancé dans un grand projet de recherche en 2017 dont l’objectif était de clarifier les effets du chant choral, une activité pratiquée par plus de 500 000 Québécois, sur la voix, la parole et la cognition, et d’identifier les mécanismes neurologiques sous-jacents.

La complexité du projet relève d’abord de son envergure — 152 participants ont été recrutés — mais aussi de la variété des tâches effectuées par les participants pour étudier différentes facettes de la production et de la perception de la parole. Ce grand projet comporte plusieurs sous-projets pour regrouper les analyses et résultats, comme un jeu de poupées russes !

Dans l’un de ces sous-projets, c’est l’intelligibilité de la parole qui a été évaluée au moyen de l’analyse acoustique de l’articulation des voyelles durant la lecture d’un texte. Est-ce que, lors de la lecture d’un texte, la prononciation des voyelles par les participants était claire ? Est-ce que le chant améliore l’intelligibilité de la parole ? Ce sous-projet est mené par une équipe composée de Pascale Tremblay, directrice du laboratoire, de notre collaboratrice internationale Anna Marczyk, phonéticienne, de Johanna-Pascale Roy, notre collaboratrice phonéticienne locale, et de Josée Vaillancourt, experte du chant choral! Plusieurs étudiants du laboratoire sont aussi très impliqués: Émilie Belley, Benjamin Côté et Catherine Savard.

C’est Anna qui a élaboré la méthodologie pour analyser les enregistrements des participants et en extraire un indice représentant la distinctivité des voyelles. Plus les voyelles sont distinctes, plus la parole est claire et facile à comprendre. Pour l’instant, les analyses ont été effectuées chez 88 participants (45 non-chanteurs et 43 chanteurs). Nos résultats montrent que le chant choral est associé à une articulation plus claire, mais que cet avantage semble diminuer avec le temps. Ces résultats s’ajoutent aux résultats rapportés dans une méta-analyse récente de notre équipe (Zumbansen & Tremblay, 2018) selon lesquels les personnes souffrant d’aphasie avec difficultés articulatoires pourraient bénéficier du chant choral. Le chant choral pourrait donc améliorer la qualité articulatoire dans le vieillissement normal et pathologique.

Deux étudiants de notre labo, Émilie et Benjamin, ont présenté pour la première fois ces résultats à la Journée scientifique du Centre de recherche CERVO. Ils ont d’ailleurs remporté le premier prix de leur catégorie (1er-2er cycle). Félicitations ! Pour plus d’informations, téléchargez l’affiche complète dans l’encadré en bas de cet article.

Et la suite ? Nous travaillons à terminer les analyses pour tous les participants du projet, et souhaitons analyser aussi l’intelligibilité des consonnes afin d’avoir un portrait plus global des effets du vieillissement et du chant amateur sur la qualité articulatoire. À terme, ces données seront mises en relation avec la structure du cerveau des participants dans le but de mieux comprendre les bases neurobiologiques du vieillissement de la production de la parole.

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