Un ou une orthophoniste, est-ce une personne qui aide les enfants ayant de la difficulté à parler ? Oui, mais son champ d’expertise est loin de s’y limiter !

Le travail des orthophonistes consiste à prévenir, dépister, évaluer et traiter les troubles du langage, de la parole, de la voix, de la communication, de la déglutition et des apprentissages. Les orthophonistes travaillent auprès de gens de tous âges et dans une variété de milieux : établissements scolaires et hospitaliers, centres de réadaptation, CLSC, cliniques privées, etc. Leur pratique est encadrée par l’Ordre des orthophonistes et audiologistes du Québec (OOAQ), dont la mission est d’assurer la protection du public.

Au Canada, tous les orthophonistes détiennent une maîtrise. À l’Université Laval, le programme de maîtrise en orthophonie s’échelonne sur deux ans (6 sessions). Il comporte des cours théoriques, mais également plusieurs stages en milieu de pratique. La réussite du programme permet l’obtention d’un permis de pratique délivré par l’OOAQ. Il est à noter que certains territoires et provinces du Canada exigent également la réussite d’un examen pour pouvoir pratiquer la profession.

Pour vous fournir un bref aperçu de la diversité des rôles et fonctions des orthophonistes, de même que des clientèles auprès desquelles ils ou elles travaillent, voici cinq exemples de réalités professionnelles distinctes d’orthophonistes (les vignettes et prénoms sont fictifs) :

– Paméla travaille en milieu hospitalier. Elle intervient dans le secteur des soins aigus, notamment auprès de personnes qui ont subi un accident vasculaire cérébral (AVC) ou un traumatisme cranio-cérébral et qui sont à risque d’être atteintes d’un trouble de la communication. Elle se déplace à leur chevet pour évaluer leur habileté à comprendre et produire le langage et la parole, puis les informe, avec leurs proches, de leurs difficultés de communication. Lors des repas, elle évalue également leurs habiletés de déglutition (p.ex. leur habileté à avaler correctement les aliments solides et liquides). Au besoin, elle recommande la poursuite de services de rééducation en orthophonie après le départ de l’hôpital.

– Philippe est orthophoniste en CLSC. Il effectue des rencontres de groupe avec des parents qui ont des inquiétudes par rapport au développement des habiletés de communication de leur enfant d’âge préscolaire. Lors de ces rencontres, il fournit des informations sur le développement normal du langage et sur les causes possibles d’un retard, puis il donne aux parents des trucs pour stimuler le développement du langage de leur enfant. Il effectue également des rencontres individuelles pour évaluer et stimuler le développement des habiletés de communication de certains enfants. Au besoin, il réfère l’enfant en centre de réadaptation pour des services plus intensifs et à plus long terme.

– Maikan est orthophoniste en milieu scolaire. Il se promène dans plusieurs écoles primaires. Il effectue du dépistage dans les classes pour identifier les jeunes élèves présentant des difficultés, de même que des rencontres d’évaluation en individuel. Il transmet les résultats et recommandations aux parents et au personnel de l’équipe-école, visant à soutenir la réussite scolaire de l’élève. Au besoin, il effectue des rencontres de suivi en individuel. Il coanime aussi des ateliers avec des enseignants, notamment dans des classes spécialisées pour des élèves présentant un trouble du spectre de l’autisme.

– Fatoumata travaille dans un centre de réadaptation, au programme de déficience auditive. Elle évalue les habiletés de communication de jeunes atteints de surdité et effectue des interventions visant à développer leur langage et leur parole, de même que le développement de stratégies d’écoute et de communication. En plus d’intervenir directement auprès des jeunes, Fatoumata fournit des conseils et recommandations aux proches et aux enseignants (p. ex. utilisation d’équipements spécialisés et d’aides de suppléance à l’audition, conseils visant à limiter le bruit dans l’environnement, etc.).

– Sébastien travaille aussi en milieu hospitalier. Il se spécialise dans les troubles de la voix et de la résonance et travaille en collaboration avec des oto-rhino-laryngologistes (ORL). Il rencontre des enfants et adultes présentant des troubles de la voix (incluant un mauvais usage ou un usage excessif de la voix, ou un cancer des cordes vocales, par exemple) et des troubles de la résonance (p. ex., une hypernasalité causée par une fente palatine). Il développe des plans d’intervention pour eux et les rencontre sur une base régulière pour traiter leurs difficultés de communication.

– Karine exerce sa profession d’orthophoniste dans une clinique privée. Elle rencontre majoritairement des enfants d’âge préscolaire et scolaire, ainsi que des adolescents. Elle offre certains de ses services directement dans le milieu de garde de l’enfant, ou encore à distance, par téléorthophonie. Plusieurs des jeunes qu’elle rencontre ont des retards ou des troubles de langage, mais elle a aussi développé une expertise relative aux troubles orofaciaux myofonctionnels. Parmi les symptômes de ces troubles, on retrouve entre autres le sigmatisme (trouble d’articulation, p.ex. une personne qui zozote ou parle sur le bout de la langue). 

Évidemment, une foule d’autres exemples auraient pu être donnés. Nous n’avons qu’à penser aux orthophonistes qui travaillent en bégaiement, ou auprès de personnes ayant une déficience intellectuelle, une maladie neurodégénérative comme le Parkinson, un cancer du larynx, etc. De fait, des troubles de la communication ou de la déglutition sont susceptibles d’être associés à toutes ces conditions. Les connaissances de l’orthophoniste relatives à l’anatomie, la physiologie, la linguistique et la psychologie lui permettent d’intervenir auprès de ces différentes clientèles.  

Il importe de mentionner que les orthophonistes travaillent en étroite collaboration avec plusieurs autres professionnels, tels les audiologistes, les physiothérapeutes, les ergothérapeutes, les psychologues, les enseignants, les éducateurs spécialisés et les éducateurs à l’enfance, les orthopédagogues, etc. Cette collaboration interprofessionnelle peut mener à une offre de services plus complète, tenant compte des différents besoins de la personne, de même qu’à un meilleur arrimage des interventions réalisées par les divers intervenants. À cet égard, la Faculté de Médecine de l’Université Laval fait vraiment figure de chef de file puisqu’elle valorise la collaboration interprofessionnelle et l’enseigne à tous les étudiants et étudiantes des programmes cliniques de la faculté.

Enfin, notons que les orthophonistes peuvent également travailler dans le milieu universitaire ou de la recherche, comme c’est le cas de Marilyne, qui est professionnelle de recherche dans notre labo ! D’ailleurs, à travers les années, plusieurs membres de notre laboratoire ont effectué une maîtrise en orthophonieavant ou après leur passage parmi nous. Nous accueillons aussi chaque année au laboratoire plusieurs étudiants et étudiantes du programme d’orthophonie de l’Université Laval qui effectuent leur projet de fin d’étude sous la supervision de la directrice du Laboratoire, la professeure Pascale Tremblay, qui enseigne au programme d’orthophonie de l’Université Laval.

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