Un nouvel article scientifique de notre laboratoire vient d’être accepté pour publication dans le journal Human Brain Mapping ! 

Le premier auteur de cet article est Maxime Perron, ancien étudiant à la maîtrise dans notre laboratoire. L’article est cosigné par Pascale Tremblay, directrice du labo, et par nos collaborateurs de Sherbrooke, Maxime Descoteaux et Guillaume Theaud, experts en matière blanche ! Plusieurs anciens membres du labo ont aussi contribué au projet : Julie Poulin, Émilie Belley, Lisa-Marie Deschênes, Anne-Christine Bricaud, Elena Vaccaro et Antoine Halbaut. L’article complet est disponible en accès libre !

Cet article présente les résultats d’un projet de recherche dans lequel nous avons étudié, chez des personnes qui pratiquent ou non le chant amateur, la relation entre la capacité à percevoir la parole dans le bruit et la structure d’un faisceau de matière blanche du cerveau, soit le faisceau arqué (voir un exemple à la figure 1). Ce faisceau relie plusieurs régions du cerveau qui, ensemble, seraient impliquées dans la perception et la production de la parole.

Figure 1. Exemple de faisceau arqué des hémisphères droit et gauche.

Au total, 41 chanteurs et chanteuses ainsi que 43 personnes ne pratiquant pas le chant ont participé à l’étude. Ces personnes étaient âgées de 20 à 87 ans. Elles ont effectué un examen IRM (plus spécifiquement une IRM de diffusion, permettant d’obtenir des images des faisceaux de matière blanche) ainsi qu’un test d’écoute de syllabes dans le bruit dans la salle insonorisée de notre laboratoire.  Durant ce test, les participants et participantes devaient déterminer si des syllabes entendues étaient identiques (p. ex. kas – kas) ou différentes (p. ex. kas – gas), alors qu’ils ou elles entendaient simultanément des personnes en arrière-plan, un peu comme au restaurant, où nous devons ignorer les personnes qui parlent aux tables avoisinantes (c’est parfois difficile, surtout s’ils sont intéressants !). 

Voici un résumé des principaux résultats obtenus :

1) Le vieillissement est associé à une diminution de la capacité à percevoir la parole dans le bruit, autant chez les personnes qui chantent que chez celles qui ne chantent pas ;

2) Ce déclin est accompagné d’une détérioration de la structure du faisceau arqué ;

3) La structure du faisceau arqué diffère entre les personnes qui chantent et celles qui ne chantent pas ;

4) Toutefois, ces différences ne sont pas associées à une meilleure capacité à percevoir la parole dans le bruit chez les chanteurs et chanteuses.

Dans certaines études, la pratique d’activités musicales a été associée à une meilleure habileté à percevoir la parole (pour une revue de littérature sur le sujet, nous vous suggérons de lire Coffey et coll., 2017). Toutefois, la littérature scientifique à ce sujet est très hétérogène et il demeure incertain à ce jour si la pratique d’activités musicales améliore la capacité à percevoir la parole dans le bruit. Il y a particulièrement peu de données sur les chanteurs et chanteuses. C’est pour cette raison qu’Elisabeth Maillard a entrepris l’été dernier une revue systématique de toute cette littérature et une méta-analyse. L’article, bien avancé, devrait être soumis à un journal au mois d’avril. À suivre, donc !

Enfin, même si les chanteurs et chanteuses de notre étude n’étaient pas avantagés pour percevoir la parole dans le bruit, les résultats indiquent néanmoins que la pratique du chant a le potentiel de promouvoir des mécanismes de neuroplasticité au cours de la vie ! Et puis, d’autres habiletés pourraient bénéficier de la pratique du chant, comme le contrôle de la voix, l’articulation, le traitement auditif central et plusieurs autres. Nous analysons présentement bien d’autres données recueillies chez nos chanteurs et chanteuses pour avoir un portrait plus complet des effets du chant. 

Lien vers l’article complet : https://onlinelibrary.wiley.com/doi/epdf/10.1002/hbm.25416

Référence : 

Coffey, E. B. J., Mogilever, N. B., & Zatorre, R. J. (2017). Speech-in-noise perception in musicians: A review. Hear Res, 352, 49-69. doi:10.1016/j.heares.2017.02.006

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